News of Isaac Brock's death reaches Guernsey: November 24, 1812

From Le Publiciste, November 28 1812. The news was brought by Captain McCrindle of the ship Fame, out of Quebec with a cargo of timber. The newspaper also pubishes the reports from the Quebec newspapers McCrindle brought with him.

LE GÉNÉRAL BROCK

En publiant la glorieuse victoire remportée par ce jeune et illustre Général, nous avons rempli la plus flatteuse et la plus agréable partie de notre tâche; mais helas! il nous en reste une autre encore bien triste, bien pénible, et bien déchirante à remplir.

Par quelle fatalité faut-il donc que les plus mémorables victoires remportées en Amérique comme en Espagne, soient toujours arrosées du sang le plus pur de cette île! Pourquoi faut-il que les plus beaux lauriers se métamorphosent ici en cyprès! Combien de temps encore, cette île tout à la fois célèbre et malheureuse, doit-elle aux fanfares de l'allégresse, mêler ses gêmissemens et ses sanglots! Les navires, messagers de la victoire, ne sauroient-ils arborer les couleurs de la gaieté sans apporter ici le sinistre crêpe de la mort! Hélas! pourquoi faut-il que le joyeux carillon des cloches soit ici seulement, le tocsin de la désolation! *

O fortune, que tu ès capricieuse et injuste! D'une main, tu élèves jusqu'au ciel un jeune héros, et tu le précipite de l'autre dans les profondes abîmes da la mort.

I. BROCK, vient de payer de son sang, sa seconde victoire en Amérique; son dernier soupir a été pour sa patrie et pour son Roi; il ne vit plus aujourd'hui que dans le Panthéon des Grands Hommes, et au temple de l'immortalité. Ce vaillant guerrier se signala autant par ses exploits, que par sa justice et son humanité. Convaincus de son rare mérite, les Américains eux-mêmes semble le regretter aujourd'hui. On leur a entendu dire, dans cette occasion, l'Angleterre perd aujourd'hui un habile générale. Cet aveu de la part d'un ennemi, est l'hommage le plus flatteur a sa mémoire. Il nous prouve en même temps, que la vertu est admirable même dans un ennemi; Etiam in hoste, miranda est virtus.

Atterrés par la grandeur de cette perte, nous gémirons avec les parens et amis de cet illustre défunt, sans nous imposer le triste devoir de faire ici son oraison funèbre. Nous emprunterons un instant l'organe du célèbre Fléchier pour dire à nos lecteurs: 'N'attendez pas, Messieurs, que nous ouvrions ici une scène sanglante, que nous vous représentions ce grand homme étendu sur ses propres trophées; que nous exposions à vos yeux ce corps pâle et sanglante, aupres duquel fume encore la foudre qui l'a frappé.'

BROCK N'EST PLUS:

Pulchrum et decorum est pro patria mori!

Si, victime des coups du sort,
BROCK est renversé dans la plaine,
Disons qu'il vécut en Turenne,
Et qu'en vrai Turenne il est mort.

* La mort du brave General LE MARCHANT ne nous offrit-il pas ce triste contraste? J'en fus particulièrement le témoin; je traversai un des plus beaux jardins de cette île, lorsque mes oreilles furent soudainement frappées des cris aigus et perçans, d'une famille en larmes; ses sanglots et ses gémissemens se mêloient au son gai et argentin des cloches. Je me retirai le coeur navré, ne pouvant m'empêcher de réfléchir sur la bisarrerie des événemens, et sur les différents vicissitudes de la vie humaine.


See Isaac Brock, letters after his death, 1813